retour [ceteris paribus] previous   ecostory 17/2015 next F bomb home
"S’ouvrir à autrui" -[Opening up to the Other]
"Nous profitons de Noël pour lancer le message suivant: laissons l’autre nous déranger, nous interpeller et ouvrons-lui notre cœur."

[We take the opportunity of Christmas 2015 to launch this message: Let the others disturb us, them ask us, let's open our hearts to them.]

Tout au long de l’année, nous recevons des mails, des lettres ou des témoignages sur ce thème. Ils émanent de chômeurs, de réfugiés cherchant désespérément du travail, de jeunes qui n’arrivent pas à trouver un stage, qui nous font part de leur découragement, du terrible sentiment d’être de trop, pas voulu, pas capable. Certains craignent l’automatisation qui, petit à petit, les privera de leur emploi (tels les systèmes mis en place dans les grandes surfaces pour remplacer les caissières, par exemple). Afin d’augmenter les profits, on supprime des emplois, sans se douter des explosions sociales que cela finit par provoquer, et surtout de l’augmentation du mal de vivre. Avoir un emploi, c’est avoir une place, une identité, une dignité. Alors, bien sûr, la Suisse fait mieux que ses voisins! Mais pour chacune des personnes sans emploi, le parcours est difficile, comme pour ce jeune homme qui a connu des persécutions, très respectueux, bienveillant et motive, et cherche un emploi d’aide cuisinier, Il a fait huit ou du stages et chaque fois on est content de lui, élogieux à son égard, mais on ne l’embauche pas. Quel courage il faut pour continuer, pour espérer, pour avancer.

Tous ceux pour qui Noël est une fête religieuse et qui se rendront dans un lieu de culte le 24 décembre au soir entendront à nouveau ce récit de la naissance du Christ. Ils chanteront peut-être "Un enfant nous est né", entendront parler des bergers et des mages, de l’hôtellerie dans laquelle il n’y avait plus de place, ce qui a conduit Marie à devoir accoucher dans une étable. Ils seront attentifs à cette histoire tant de fois entendue qui leur rappellera leur enfance.

C’est une belle histoire, mais c’est beaucoup plus que cela, c’est une métaphore de ce qui se joue tous les jours sous tous les Jeux de la terre, donc chez nous.

Chaque jour, un nouveau nous est donné. Chaque jour, nous sommes invités à nous laisser déranger, à nous ouvrir à ce qui advient, a nous laisser interpeller. Il s’agit de faire de la place pour l’autre, de prendre conscience qu’il est mon semblable, qu’il est mon frère. Trop souvent, nous fermons a porte de notre "hôtellerie", nous ne vouons pas être "déranges".

"Vous comprenez, c’est trop compliqué accueillir ces gens pour Noël, on ne sait pas trop à qui on a affaire!", "Noël c’est un fête de famille!", "Il y a trop d’étrangers, on n’est plus chez nous! "

On pourrait multiplier les arguments expliquant pourquoi il vaut mieux que chacun s’occupe de ses problèmes. Mais il y a d’heureuses exceptions, des gens qui donnent de leur temps, de leur argent, de leur attention à ceux qui en ont besoin. Un jour, traversant Les Etats-Unis, je me suis arrêtée à Boys Town, dans le Nebraska. Il y là un grand centre qui, depuis 1917, accueille des orphelins ou des enfants "à risque". A l’entrée, une statue émouvante d'un garçon qui porte son petit frère sur le dos sous laquelle il est écrit: "Il n'est pas lourd, c'est mon frère!" Les Américains Bobby Scott et Bob Russell ont tiré une chanson de cette phrase:

"La route est longue
[The road is long] avec des détours, qui nous emmène on ne sait où / Mais je suis fort, assez fort pour le porter / Il n'est pas lourd, il est mon frère / Ainsi nous avançons, son bien-être est mon souci, mais il n’est pas un fardeau / Si je me sens chargé, c’est de la tristesse de voir que le cœur de beaucoup d’humains n’est pas rempli de la joie d’aimer les autres / C’est une longue route, sans retour, alors pourquoi ne pas partager lorsqu’on est en chemin / Le poids ne m’écrase pas, il n’est pas lourd, c’est mon frère." [he's my brother]

L'hôtellerie intérieure
Il arrive que réellement 1’hôtellerie soit pleine. Que les circonstances ne permettent pas d’y faire de la place, même temporairement. Il reste alors ce qu’on pourrait appeler l’hôtellerie intérieure. On peut y accueillir sans limites par une ouverture vraie à ceux qu’on rencontre ou côtoie régulièrement, on peut offrir son sourire, ses prières, un peu de son temps ou de son argent, écrire des lettres dans le cadre d’Amnesty International, en se préoccupant de tous ces frères et soeurs qui croupissent dans des prisons sans avoir eu de jugement. On peut militer pour une cause ou pour une autre au profit d’autres humains.

"Je ne suis pas intéressé par ce que tu fais pour vivre, je veux savoir ce qui brûle en toi"
Chanson amérindienne

On peut aussi apprendre à ne pas juger ni condamner, à accueillir, à chercher à comprendre. Se laisser interpeller, se laisser déranger, s’ouvrir à ce qui est dans la réalité au-delà de nos illusions et de nos a priori. Aujourd’hui, plus que jamais auparavant, le message de Noël pourrait être l’instauration de cette résistance à la fermeture, au rejet de l’autre.

Un très beau texte amérindien le dit ainsi:
"Je ne suis pas intéressé par ce que tu fais pour vivre, je veux savoir ce qui brûle en toi et si tu oses rêver la réalisation de ce que tu portes dans ton coeur, je ne suis pas intéressé par ton âge, je veux savoir si tu prends le risque de passer pour un fou au nom de l’Amour, de tes rêves et de l’aventure de la Vie."

Heureux sont ceux qui se laissent déranger, ils connaîtront la joie!

A chacun de vous, amis lecteurs, nous souhaitons une belle fête de Noël et de nombreux moments de joie!

 Par Rosette Poletti, avec la collaboration de Barbara Dobbs

Copyright ©2015 LeMatinDimanche, 20.12.2015, reproduced for not-for-profit reasons only.
home | sitemap | ecostory | change | motivation | energy | scenarios | feedback F
ecoglobe ecoglobe.org & ecoglobe.org.nz for realistic answers requiem 5d25